Affichage agressif...

J'étais à table ce matin dans un restaurant de quartier au nom évocateur d'Agape et à la table voisine je suis distrait par une conversation entre plusieurs jeunes femmes qui parlait du sujet du jour. L'une d'elle s'est mise alors à dire combien les affichages sur les églises du style "Jésus est amour" était pour elle une agression. Puis elle raconta qu'un jour, un tract chrétien à la sortie d'un cinéma l'avait également géné...
Il faudrait analyser ce qui conduit à ce comportement, combien notre société laïque est devenu allergique à un prosélytisme religieux.
Mais la conclusion qui s'impose reste que pour moi, la pastorale de l'enfouissement a porté à la fois des fruits et des dangers...
Des fruits parce que l'on revient à mon avis à une plus grande vérité évangélique, où la parole n'est pas une agression mais reste celle d'un Dieu qui s'est fait homme... Il n'a pas voulu garder le rang qui l'égalait à Dieu et il s'est fait serviteur" (Phil. 2)...
Des dangers, parce que pour beaucoup le message n'est plus explicite, il devient celui d'une minorité (1). Il nous faut à la fois être plus actifs mais prendre conscience que notre action ne conduira pas à une conversion de masse.
J'aime ce très beau passage de Benoît XVI dans son intervention au jubilé des catéchistes : "Le Royaume de Dieu recommence toujours de nouveau sous ce signe. La nouvelle évangélisation ne peut pas signifier: attirer tout de suite par de nouvelles méthodes plus raffinées les grandes masses qui se sont éloignées de l'Eglise. Non - ce n'est pas cela la promesse de la nouvelle évangélisation. La nouvelle évangélisation signifie: ne pas se contenter du fait que du grain de sénevé a poussé le grand arbre de l'Eglise universelle, ne pas penser que le fait que dans ses branches toutes sortes d'oiseaux peuvent y trouver place suffit - mais oser de nouveau avec l'humilité du petit grain, en laissant Dieu choisir quand et comment il grandira (Mc 4, 26-29)."

(1) Je salue là la thèse de C. Théobald dans le colloque Rahner Balthasar dont je vous parlerais sur Chemins de lecture...